Par Sousso Kelouwani, Ph. D., professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières,
Institut de recherche sur l’hydrogène
Les véhicules intelligents sont appelés à modifier considérablement nos habitudes de déplacement. Selon le Conference Board of Canada, l’automatisation et l’intelligence du transport ont le potentiel de réduire de plus de 80% le nombre de décès sur nos routes, en plus de produire les bénéfices suivants : une réduction de coûts dus aux accidents routiers de plus 62 milliards de dollars au Canada, une favorisation de l’économie du partage au niveau du transport (réduction de la congestion routière et des problèmes de places de stationnement), l’augmentation de l’efficacité énergétique, etc. Dans le domaine du transport de marchandises, l’introduction des technologies de communication dans l’opérationnalité des véhicules produit déjà des résultats économiques tangibles (réduction des coûts). Bien que le déploiement des véhicules intelligents pose certains problèmes légaux et éthiques, plusieurs projets pilotes existent à travers le monde (Ford, Volvo, BMW, Audi, etc.). Cependant, la majorité de ces projets se déroule sur des routes où le climat est tropical ou tempéré.
Les conditions hivernales du Québec posent un défi supplémentaire. En effet, un véhicule intelligent et autonome doit en permanence surveiller son environnement de navigation afin de connaître sa localisation exacte, réagir promptement à tout danger et éviter à tout prix de percuter les autres usagers de la route, surtout les piétons, les cyclistes et les motocyclistes. Il doit alors se fier, entre autres, aux données collectées par les capteurs à bord du véhicule : lidar, radar, caméras, etc. Comparativement à un humain qui utilise beaucoup sa vision pour diriger un véhicule, le pilote automatique a recours à son système de vision à base de caméras pour se localiser et décoder les signes de la route et du trafic. L’hiver, deux problèmes peuvent se poser : la diminution de la visibilité des marques sur la chaussée en raison de la présence de neige et de glace – ce qui réduit la capacité des caméras à percevoir les balises sur la route –, et l’accumulation de neige sur les différents capteurs, réduisant ainsi leur capacité de perception.
Avec l’arrivée de l’industrie 4.0, la manutention et le déplacement à l’intérieur et l’extérieur des usines posent également des défis de localisation. À l’Université du Québec à Trois-Rivières, nous travaillons sur des systèmes et des outils d’aide à la localisation et à la navigation pouvant assister le véhicule intelligent à conduire sécuritairement, l’hiver, au Québec. Ces systèmes, complémentaires aux caméras, sont présentement testés dans nos laboratoires. Ces mêmes systèmes incluent des capteurs similaires aux rayons X et peuvent détecter des formes ou des obstacles en présence de neige, de fortes précipitations atmosphériques ou des conditions de visibilité extrêmement réduites. Ces systèmes pourront être installés sur les véhicules d’urgence et les autobus scolaires ou de villes pour augmenter leur efficacité et leur sécurité dans des conditions de conduite difficile. Une première collaboration industrielle axée sur le développement de système de navigation pour les plateformes mobiles dans les usines a démarré récemment. L’approche utilisée à l’UQTR s’inspire des techniques récentes dans le domaine de l’intelligence artificielle, l’identification active des paramètres et l’optimisation. À terme, nous voulons permettre à l’industrie québécoise de disposer de moyens techniques permettant de tirer avantage du déploiement prochain des systèmes de mobilité intelligente.