Les statistiques sur le chômage ou le niveau d’aide sociale sont souvent mises de l’avant pour dresser une image sombre de Shawinigan. D’autres statistiques pointent un retard économique du Québec sur les autres provinces. Mais le portrait de notre région et de l’environnement dans lequel nous évoluons est-il seulement négatif ? Voici un échantillon hétérogène plus positif de statistiques.
Selon des données de statistiques Canada et d’Industrie Canada, les PME (moins de 500 employés) ont créés plus de 53,9 % des emplois du Canada de 2001 à 2011. Le salaire hebdomadaire moyen dans les grandes entreprises (GE) est de 941 $ et de 763 $ dans les petites entreprises (moins de 100 employés). Le bénéfice net des PME en proportion de l’actif a été de plus de 7 % (2009) comparativement à 4,9 % pour les GE. Ces statistiques ne présument en rien que la situation va s’améliorer d’elle-même, mais elle confirme que miser sur les PME peut s’avérer un choix payant. La hauteur des salaires et l’investissement que génèrent une GE demeurent importants et justifient les efforts de conversion de l’usine Alcan et la mise en place d’un parc industriel à grand gabarit de Shawinigan pour que la ville demeure attrayante pour ces entreprises.
La croissance moyenne des revenus (ventes) des entreprises de 2001 à 2009 était de 3 % au Québec et de 2,7 % au Canada et le bénéfice net sur actif de 7,8 % au Québec et de 7 % au Canada. Il semble que les statistiques de 2013 montrent une perte d’emploi plus prononcée au Québec que dans le reste du Canada au cours de la dernière. Cependant, si sur une période de 9 années, le Québec a pu faire mieux que les autres provinces, il y a lieu d’apprendre de cette période et de s’assurer de mettre en œuvre les bons coups qui ont permis un certain rattrapage économique. Malheureusement, les statistiques ne disent pas ce qui a permis un tel rattrapage, mais cela mériterait une recherche distincte.
Le bénéfice net sur actifs pour les entreprises du Québec incorporées et possédant moins de 5 M$ de ventes était en 2010 de 7,5 % tous secteurs confondus, de 13 % dans le secteur des services professionnels et techniques et de 6,1 % dans le secteur de la fabrication. Ainsi, le virage PME et numérique permet de croire que ce type d’entreprise est un choix qui sera profitable pour Shawinigan. La reprise attendue aux États-Unis pourrait améliorer la situation de nos entreprises de fabrication dont la rentabilité semble moindre que d’autres secteurs pour le moment.
En proportion des ventes de ces entreprises possédant moins de 5 M$ de vente, les rémunérations des employés de ces sociétés est de 26,7 %, leurs achats en intrants et sous-traitance de 37,1 % et leur bénéfice net moyen de 8 %. Au-delà des salaires qui sont souvent dépensés localement puisque les employés habitent près de leur lieu de travail, nous devons voir l’incidence des dépenses en intrants et en sous-traitance. Imaginez qu’une entreprise néglige de vérifier si des achats en matériels ou en sous-traitance peuvent être faits localement ? Imaginez que le propriétaire de l’entreprise est étranger et préfère gérer à distance son entreprise, puis dépenser la partie de son profit dans son lieu de résidence étranger ? Et ne parlons même pas de son attachement à la localité lorsque viendra le choix de fermer ou non une succursale. Si le contrôle de l’entreprise est étranger, le bénéfice net peut être investi ailleurs et les achats peuvent aussi s’effectuer ailleurs, c’est plus de 45 % des revenus de l’entreprise en plus de sa valeur de revente qui peut potentiellement être dépensé à l’extérieur de la région, de la province ou du pays. Former une relève d’entrepreneurs qui pourront conserver localement le contrôle des entreprises peut donc avoir une incidence majeure pour notre localité. Cela ne veut pas dire que les entreprises étrangères sont exclues, mais qu’une certaine prise de conscience des incidences économiques de nos choix peut nous amener à faire des choix d’éducation et d’investissement qui auront un retour sur l’investissement local encore plus grand.
Les quelques statistiques mentionnées démontrent que le Québec et ses entrepreneurs peuvent mieux faire, que les PME et les technologies informatiques peuvent s’avérer des choix payants pour Shawinigan et que le développement de l’entrepreneuriat local peut avoir des effets bénéfiques à long-terme. Ainsi, il y a toujours du soleil derrière les nuages. Espérer pour le mieux peut nous encourager à y croire mais s’activer en visant mieux permet de s’assurer de le concrétiser.
Stéphane Mongeau, avocat, M. Fisc. Président, Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan Propriétaire fiscaliste, Gingras Mongeau Martel, fiscalité inc.