Par Étienne St-Jean, Ph. D., professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières,
Titulaire de la Chaire de recherche UQTR sur la carrière entrepreneuriale
Le 28 septembre dernier, je dévoilais le plus récent Rapport sur l’activité entrepreneuriale au Québec avec mon collègue Marc Duhamel, économiste à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il s’agit d’un rapport basé sur les plus récentes données de l’enquête (2015) du Global Entrepreneurship Monitor (GEM). Pour ceux qui sont moins familiers avec cette enquête, il s’agit de la plus grande étude portant sur le dynamisme entrepreneurial dans le monde, interrogeant chaque année plus de 2 000 citoyens provenant de plus de 60 pays, afin de vérifier leurs attitudes, activités et ambitions entrepreneuriales.
Dans ce rapport, on y apprend que l’entrepreneuriat émergent au Québec, qui constitue les citoyens actuellement en processus de démarrage ou qui ont démarré leur entreprise depuis moins de 3 ans et demi, a connu une forte croissance depuis 2014. En effet, le taux est passé de 10,5 % à 13,5 %, ce qui permet de classer le Québec comme étant la province devançant tous les pays comparables, soit ceux dont l’économie repose sur les savoirs et les industries de services.
Nous nous sommes également attardés à la nature de cet entrepreneuriat émergent, en compilant les données de 2013 à 2015. Nous avons observé que l’entrepreneuriat au Québec est non seulement dynamique, mais aussi fortement innovant et dans des créneaux avec peu de concurrence, en plus d’être plutôt tourné vers l’international. Par contre, nous avons constaté que ces projets entrepreneuriaux utilisent les technologies récentes de manière moins marquée qu’ailleurs dans le monde (6,9 % des projets, 12e au classement), et lorsque nous observons les entreprises établies, nous obtenons l’un des pires classements (3,2 % des entreprises, 19e au classement).
Comment changer cette tendance? En soutenant les projets d’innovation sur la base de technologies avancées et en valorisant le transfert de technologie. À cet égard, on peut souligner l’excellent travail mené par le Réseau Trans-tech, qui regroupe l’ensemble des centres collégiaux de transfert de technologie. On peut aussi mentionner l’effet positif que peuvent avoir des installations comme le DigiHub Shawinigan en permettant aux personnes en affaires d’échanger et d’apprendre, notamment en ce qui concerne les technologies de pointe.
Bien sûr, il reste encore beaucoup de travail à accomplir à ce niveau. Souhaitons que des initiatives ciblées voient le jour afin de propulser l’ensemble de la région, mais aussi le Québec, dans le peloton de tête quant à l’utilisation des technologies de pointe dans les entreprises émergentes québécoises!